Envoyée spéciale à Akhalgori Deux blindés apparaissent au creux du chemin. Ils portent les insignes blanc, rouge et jaune des séparatistes ossètes. Les hommes en uniforme disparate qui tiennent le check-point n'étaient pas là la veille. Ils ont repoussé sans un coup de feu le barrage de la police géorgienne. «Vous savez, ici, ce n'est plus la Géorgie, c'est l'Ossétie du Sud. Elle vient d'être reconnue par la Russie», dit l'homme qui se présente comme un membre de l'«armée ossète». Les soldats finissent par laisser passer les journalistes, en compagnie d'un des leurs, qui, en signe de bonne volonté, se tiendra par la suite très loin de leurs interlocuteurs.
Un silence pesant enveloppe Akhalgori, gros bourg de 6 000 habitants, qui jusqu'à l'éclatement du conflit, le 7 août, était administré par Tbilissi. Alors qu'il n'y a eu aucun combat ni aucun bombardement, le village a été déserté. Seuls les hommes d'âge mûr et quelques femmes sont restés. Géorgiens, comme Ossètes - qui représentent 30 % de la population du village - ont envoyé les jeunes et les enfants à Tbilissi. «Ici, 90 % des familles, géorgiennes et ossètes, sont mixtes ou apparentées, dit un vieux Géorgien. Même en 1992, il n'y a pas eu de conflit et jamais de crime.» Un jeune Ossète, bilingue comme tous ici, renchérit : «Nous sommes voisins, je compte sur lui, il compte sur moi.»
«Peur». L'épicerie ne manque encore de rien. Le bus pour Tbilissi continue de fonctionner. Kodardzi Tatou