La privatisation de la Poste, on devrait s'en rendre compte, dépasse de loin les questions postales. Il s'agit, aussi, d'un choix de société. Faut-il accepter comme une sorte de fatalité l'extension indéfinie du marché à tous les secteurs de la société ou bien, dans le cadre d'une économie qui est de toute manière concurrentielle et libre, prévoir des exceptions au nom du service public ? Et surtout, faut-il prendre ces décisions-là en dehors de la volonté populaire, dans le confort d'un débat technique entre intéressés ? En un mot, qui décide, in fine, les citoyens ou les marchés ? Si l'on opte pour les premiers, si l'on croit au principe de la consultation populaire - certains disent «démocratie participative» - on choisira alors la nouvelle procédure référendaire que la représentation nationale a approuvée à une très large majorité en juillet dernier et déjà réclamée par le syndicat FO de la Poste.
A condition, bien sûr, de ne pas fermer le débat avant de l'ouvrir. Pour justifier l'ouverture de son capital, Jean-Paul Bailly, manager efficace de la Poste, dispose d'arguments non-négligeables. Il a besoin, dit-il, de fonds importants pour investir dans son entreprise, fonds que l'Etat, son seul actionnaire, n'est pas en mesure de lui fournir. Il veut aussi préparer son entreprise à l'ouverture à la concurrence en cours dans ce secteur. Il assure enfin que, dans ce nouveau cadre, les obligations collectives qui lui incombent seront respectées.
Mais c'est là toute la question.