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Libération
Interview

«Cela dénote un rapport de suspicion de l’Etat à l’égard des citoyens»

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publié le 4 septembre 2008 à 4h52
(mis à jour le 4 septembre 2008 à 4h52)

«Edvige va dans le sens de la surenchère sécuritaire. On se dote d'un outil supplémentaire de recensement.Objectivement, Edvige, c'est un fichier destiné à recenser la population susceptible d'être concernée par la délinquance. Subjectivement, c'est un outil supplémentaire de la puissance publique dirigé vers toute la population. Cela dénote un rapport de suspicion de l'Etat à l'égard des citoyens dont chacun est présumé source de danger. L'action publique ne devient plus qu'une sorte de gendarme. On lit que sont concernées les personnes susceptibles de porter atteinte à l'ordre public. Premièrement, je ne sais pas ce qu'est l'ordre public, dont il n'existe pas vraiment de définition. Pourquoi, pour un vol de mobylette, prend-on trois mois de prison, alors qu'un Jérôme Kerviel qui perturbe l'ordre économique n'y passe que trois semaines ? Deuxièmement, ce n'est pas uniquement pour les personnes qui «troublent l'ordre public» mais celles «susceptibles de troubler l'ordre public». Parce que je porte une paire de chaussures, je suis susceptible de botter le derrière d'un agent ?

«Il y a une très belle réaction de Ravachol à ce sujet. Lors de son procès, le président demande à l'anarchiste pourquoi il porte un poignard si ce n'est pour préparer un attentat. Il répond: "Et alors, vous êtes équipé pour un viol, on ne vous le reproche pas."

«Par ailleurs, par le passé le renseignement ne recouvrait que les nom, prénom, personnalité. Puis le casier judiciair