«Edvige est un copier-coller du décret de 1991 sur le fichier des Renseignements généraux. C'est nouveau, mais pour les amnésiques. Les mineurs sont fichés depuis l'article 38 de l'ordonnance de 1945. La vraie question est donc : faut-il ficher les mineurs ? Edvige n'est ni mieux, ni moins bien que ce qui s'est fait précédemment. Ce qu'on peut reprocher au texte, c'est qu'il est écrit avec les pieds. Son rédacteur a confondu un fichier judiciaire (des faits criminels) avec un fichier de renseignement, qui porte sur des possibilités. La mobilisation autour de ce fichier est plutôt rassurante. Il faut trouver l'équilibre entre l'atteinte aux libertés et le travail de renseignement, effectué par la police. Au-delà de l'émotion, il faut rappeler que les fichiers nécessitent un travail préparatoire, ils doivent passer devant une commission de contrôle. Nous n'avons pas vu passer Edvige. Ce n'est pas le fait du ministre de l'Intérieur, mais de la mauvaise bureaucratie. En matière de bug administratif, il faut toujours privilégier la connerie au complot. Car, en fin de compte, les fichiers existent depuis que l'Etat existe. La seule différence réside dans l'amélioration de la technologie, qui facilite le flicage. Mais cela a toujours existé, depuis Bertillon qui a inventé les empreintes. L'utilisation massive de la technologie rend ces fichiers plus intrusifs. Pendant ce temps-là, les réseaux sociaux, comme Facebook et autres, donnent des renseignements qui peuvent être utilisés à
Interview
«Les fichiers existent depuis toujours, seule la technologie est nouvelle»
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par Didier Arnaud
publié le 4 septembre 2008 à 4h52
(mis à jour le 4 septembre 2008 à 4h52)
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