Menu
Libération
Éditorial

Eprouvette

Article réservé aux abonnés
publié le 10 septembre 2008 à 4h56

Un grand boum dans une éprouvette géante. Mieux qu'un roman de science-fiction. Un fol engin, enfoui à cent mètres sous terre à la frontière franco-suisse, et qui va nous propulser plus de 13 milliards d'années en arrière. Un anneau de 27 kilomètres de circonférence, qui se fait son big bang à lui tout seul, dans un choc de particules lancées à 300 000 kilomètres par seconde. Extraordinaire machine à remonter le temps que le LHC, propulsé sur les traces du «boson de Higgs», cette fameuse particule élémentaire qui pourrait livrer les clefs de la matière. Les perspectives ouvertes sont vertigineuses. Comprendre enfin ce qui s'est passé au début de l'univers, déterminer ou non s'il existe d'autres dimensions. Dans son dernier numéro, la revue britannique New Scientist estimait en substance que le LHC représentait la même chose pour la physique que le programme Apollo pour l'aventure spatiale. Le projet, mené à bien après dix années de préparation, est aussi un succès européen comme on aimerait en saluer plus souvent. Ronald Reagan, en son temps, avait tenté un pari similaire, avec son accélérateur SuperCollider, dans ce qu'il présentait alors comme «une porte ouverte sur le nouveau monde». Mais le Congrès n'avait pas suivi et lui avait coupé les budgets. Cette fois, le Cern a réussi l'exploit de convaincre ses vingt Etats membres de verser la quasi-totalité des 3,7 milliards d'euros nécessaires. Une preuve que l'Europe de la recherche peut à la fois trouver les re