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Interview

«L'ancienne conception de la laïcité est dépassée»

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Religion. Max Gallo, historien et académicien, trouve légitime d'instaurer un nouveau dialogue avec les Eglises :
publié le 15 septembre 2008 à 5h00
(mis à jour le 15 septembre 2008 à 5h00)

L'idée de «laïcité positive» que Nicolas Sarkozy défend avec insistance est-elle dangereuse ?

Je ne le crois pas. Je remarque d'ailleurs que c'est Lionel Jospin qui l'a mise en pratique le premier, en 2002, quand il a créé une instance de dialogue entre le gouvernement et l'épiscopat, instance qui a joué un rôle. positif.

Mais pourquoi rajouter l'adjectif «positive» au mot laïcité, ce qui laisse entendre clairement que la laïcité est spontanément négative ?

Un peu d'histoire. Le catholicisme était avant la Révolution l'idéologie de la monarchie, même s'il pouvait y avoir des conflits entre le Pape et le roi. Ensuite, il a été mis au service de l'idée de Restauration et plus largement au service de la réaction politique. La République a donc logiquement pratiqué une laïcité très ferme, souvent agressive, comme au moment de la lutte pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat [en 1905, ndlr]. Depuis, l'Eglise s'est largement retirée de la vie politique. Benoît XVI l'a rappelé : il ne faut pas que la religion soit une politique, ni que la politique soit une religion. Du coup, l'ancienne conception de la laïcité est dépassée. La nouvelle est positive.

N'est-ce pas donner aux religions, et notamment au catholicisme, une place excessive dans la vie publique ?

Pas du tout. L'Eglise reste à sa place. Mais nous avons entre-temps assisté à la faillite des religions séculières, comme le communisme et à la crise de l'idée même de progrès. La