Imaginons un scénario simple : que ce serait-il passé si la compagnie d'assurances AIG était européenne? Ou dit autrement : la mobilisation spectaculaire des autorités américaines aurait-elle pu se dérouler en Europe ? Probablement pas. Sauf à faire voler en éclats la discipline et les règles communautaires en vigueur. Ce qui signifie, en creux, que la vitesse de réaction et le pragmatisme américain (un coup je nationalise, un autre je mets en faillite) est quasiment impossible aujourd'hui en Europe.
Reprenons notre fiction. Le patron de notre compagnie d'assurances européenne appelle en catastrophe son ministre de l'Economie et demande une réunion d'urgence dans le bureau de Jean-Claude Trichet, le patron de la Banque centrale européenne (BCE). Sa compagnie est aux bords de la faillite, il suggère une réunion de crise avec tous les acteurs concernés : ministres, régulateurs, concurrents. Exactement sur le mode de ce qui s'est passé ce week-end à New York, dans le bureau du patron de la Réserve fédérale (la Fed).
Concertation. Premier gros problème : la BCE a-t-elle le droit de prendre une telle initiative ? «Rien ne l'interdit, il n'y a aucun obstacle de la doctrine, assure Jean Pisany Ferry, patron de l'Institut Bruegel. C'est d'abord une question de comportement, donc de volonté politique.» En revanche, cela devient plus compliqué si un ministre de l'Economie, présent à la table, demande formellement à Trichet une intervention. «Contr