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Libération
Éditorial

Monstres

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publié le 24 septembre 2008 à 22h29

Nouvelle définition du financier dans cette époque d'argent fou : c'est un métier qui consiste à se remplir les poches quand tout va bien, et à vider celle des autres quand tout va mal. Le sauvetage des grandes banques américaines par un engagement de quelque 700 milliards de dollars en argent public est en passe de dégénérer en scandale planétaire. Non que ce plan doive être annulé. Sans lui, les principales économies du monde risquaient de plonger, pour des années, dans la récession. C'est le mécanisme qui a conduit à cette extravagante extrémité qui est en cause. Depuis plus d'une décennie, les talibans du divin marché financier ont rejeté tous les avertissements, méprisé tous les contradicteurs et récusé toute tentative de régulation. Résultat : le divin marché a accouché d'un monstre comparable à la créature de Frankenstein, que personne ne parvient plus à maîtriser. Il faut l'ensevelir sous une montagne de dollars pour le contenir. Nicolas Sarkozy demande qu'on désigne les responsables. Or, ce ne sont pas des individus mais un système qu'il faut incriminer. Ce système doit être réformé, sauf à prendre pour des billes les millions de citoyens qui sont invités à voler au secours des plus fortunés de leurs contemporains. Vaine vitupération ? Non. Les remèdes existent, nous en présentons plusieurs, proposés par les meilleurs esprits de la science économique. Encore faut-il qu'on veuille les mettre en oeuvre. La question n'est pas technique mais politique. C'est par la cons