Juste avant l'allocution de Nicolas Sarkozy, Libération est allé prendre le pouls, à trois endroits différents, d'une France au bord de la crise. Ambiance.
AU HAVRE, les salariés de Renault crient leur «ras-le-bol»
Feux de Bengale, haut-parleurs, banderoles. Elle, elle avance avec une pancarte suspendue au cou. Trois photos d'enfants avec leur prénom et une inscription : «Qu'est-ce qu'ils mangent à Noël ?» Karine, 34 ans, fait le ménage dans les chambres d'un hôtel, à mi-temps, et défile dans les rues du Havre. «Eux, ils se remplissent les poches pendant que les nôtres se vident.» «Eux», ce sont d'abord les patrons de l'entreprise Renault à Sandouville, où travaille depuis neuf ans son mari, Fabien, 35 ans, agent de production (1 600 euros par mois avec les primes) et délégué FO. A cause d'une Laguna qui se vend toujours aussi mal, Fabien ne viendra plus qu'une semaine sur deux à l'usine. «Comment voulez-vous vivre avec deux mi-temps ?»,demande-t-elle. Pour lui, «le gouvernement est complice de ce qui se passe, sinon il ne laisserait pas la situation se dégrader ainsi».
Ils sont venus par cars de Flins, Cléon, Douai ou du Mans grossir le cortège de 1 300 manifestants qui traverse le Havre. Là, est dressée la banderole de l'hôpital où a été annoncée la suppression de 550 emplois d'ici 2012. Entre des élus communistes et socialistes, défilent aussi des salariés de l'équipementier Faurecia ou de Plastic Omnium, qui travaillent aussi sur