Illusionniste de talent, Charles Pasqua commence à perdre la main. A 73 ans, il lui reste encore l'accent à la Pagnol, le bagou du représentant de chez Ricard, le goût des coups pendables, des aventures qui tournent court après de multiples faux pas. Et ses rêves de croisade pour le sauvetage de la «souveraineté nationale» et de «la place de la France en Europe» aux européennes de juin 1999, où sa liste arriva en deuxième position avec 13,1 %, devant celle du RPR. Adoré des militants gaullistes, il aurait pu doubler la mise en empochant le mouvement gaulliste, traumatisé par la dissolution de 1997, abandonné par Philippe Séguin, désespéré par Nicolas Sarkozy; il a préféré jouer les de Gaulle en croyant pouvoir, avec ses appels contre le traité d'Amsterdam et l'euro, rassembler les souverainistes de gauche et de droite sous son bonnet phrygien. Il se retrouve finalement à la tête d'un RPF sans troupe. Avec son passé d'homme de réseaux qui le rattrape.
Jackpot. Longtemps considéré comme «ce terrible M. Pasqua», il a su s'offrir une couverture sociale grâce au jackpot du budget du conseil général des Hauts-de-Seine (7,3 milliards de francs en 1999), dont il assure la présidence depuis 1973. Sous cette manne financière, il a fait oublier un passé sulfureux à la tête du SAC (Service d'action civique), la police parallèle du mouvement gaulliste, de 1964 à 1969. Ou ses faux pas à l'Intérieur (de 1986 à1988 sous Jacques Chirac) avec sa volonté de «terroriser les terroristes», son tri