(Actualisé le 19 mai à 11h30. Nous venons d'apprendre la mort de Stanley Greene. Nous republions ici le portrait de dernière page qui lui fut consacré en 2010.)
Chez un homme, que regardent les femmes en premier ? Les mains, paraît-il. Celles-ci sont longues, fines, ornées de bagues. Les lèvres ? Sensuelles, bien dessinées. Les fesses, assument les moins mijaurées. On n’a pas vérifié mais la stature est haute, le port royal. Les yeux, car c’est le miroir de l’âme : marron clair et tendre, un peu perdus. Et la voix ? Basse, ironique. Stanley Greene est impossible à manquer. Que ce soit par la taille, la beauté, la couleur, le charisme, le look, peu importe, on le remarque. Greene est photographe, il a 60 ans mais ne les fait pas. Il traîne comme une grande cape une réputation de mythe, qu’il entretient soigneusement mais qu’il paye au prix fort. Au physique comme au biographique, Greene est une montagne : on ne sait pas par quelle face attaquer.
Dans le petit cercle des reporters de guerre, il est à part. Parce qu'il a commencé tard, qu'il vient du monde de la nuit et de la mode. Parce qu'il est noir (américain), un sujet qui reste un peu tabou dans ce milieu très white male. Enfin parce qu'il assume son look baroque - béret aux couleurs de la Tchétchénie dont il a épousé la cause, bagouzes à tête de mort et boucle à chaque oreille, tiags en daim en toute saison - et parle de soi, ses amours, ses peurs, ses échecs, plus que de raison dans un univers où l'autisme tient