Né à New York, professeur de géographie économique, Michael Storper est un spécialiste des questions de développement des villes. Il enseigne à Los Angeles (Ucla), à Londres (London School of Economics) et à Paris (Sciences-Po).
De vos trois points d’observation, comment voyez-vous l’évolution culturelle de l’Ile-de-France ?
Par son histoire, Paris est une ville puissante du point de vue de son rayonnement culturel. Mais s’il y a énormément de ressources, leur valorisation économique est à la peine. Je ne nie pas que la France ait développé une politique publique ambitieuse et qu’elle abrite de nombreux talents mais les circuits de financement me semblent sclérosés. Le système produit un réseau fermé, clanique, peu fluide.
La différence importante avec les autres métropoles que vous pratiquez n’est-elle pas que New York ou Londres sont des capitales de la finance ?
Oui, c’est vrai, mais en terme de développement, l’économie ne peut se résumer à la finance internationale. L’Ile-de-France a une économie beaucoup plus diversifiée, la gamme d’activité y est multipolaire.
Comment imaginez-vous le développement des grandes métropoles occidentales ?
Très différemment pour l’Ile-de-France, à cause de la situation singulière de Paris. Pour moi, l’existence du boulevard périphérique est un problème central. Manhattan est une île, mais l’eau est une barrière bien moins importante pour New York que le périphérique pour Paris. Londres n’a pas de barrière. Ce sont deux villes dont la plasticité spatiale permet une politique d’urbanisme beaucoup plus inventive. Paris, avec ce centre si bien construit, si prestigieux, où l’on continue à faire des investissements patrimoniaux pharaoniques n’a pas réellement engendré de développements en petite couronne. Là où la fluidité des mouvements entre Manhattan et Bro