Menu
Libération
Forum Ile-de-France

«Les rappeurs sont les nouveaux Titis parisiens»

Article réservé aux abonnés
Davide Langlois. (Photo DR)
par Daphnée Breytenbach (étudiante au CFJ)
publié le 10 décembre 2012 à 9h26

David Langlois est essayiste. Ce membre du think tank Altaïr s’intéresse depuis de nombreuses années à la question du grand Paris. Pour lui, lutter contre la ségrégation sociale sur le territoire francilien permettrait de réintroduire du lien entre les habitants.

Au cours des rencontres que vous avez organisé avec votre Think Tank Altaïr en septembre dernier, vous avez évoqué une ambigüité dans la manière d’envisager le territoire francilien. Laquelle ?

Il y a un problème fondamental dans la manière de concevoir l’Ile-de-France. Cette région est gangrenée par une immense ségrégation sociale. En clair, les institutions ont mis le peuple à l’écart de Paris. Bien entendu, cela ne date pas d’hier. A l’époque de Saint Louis, déjà, on expulsait la cour des miracles et les indésirables.

Aujourd’hui, Paris continue de se construire en opposition avec sa banlieue. On le voit notamment à travers le contrôle policier de plus en plus important, les diverses lois sur l’hygiène, sur le bruit. Des quartiers populaires entiers ont été rasés dans le passé, comme celui de Montparnasse, qui abritait à l’époque énormément d’artistes. Et cette logique se poursuit aujourd’hui.

Quelles sont les conséquences de ce phénomène ?

On crée un Paris extrêmement individualiste. En fermant petit à petit tous les lieux de rencontres populaires, les gens n’ont plus d’endroits où échanger. On ne fait plus «ville». Et donc, on ne fait plus «société». A l’époque de Napoléon 1er, on pouvait trouver, dans un même immeuble, le concierge au rez-de-chaussée, le bourgeois au premier étage, une famille noble au second, et le petit peuple dans les chambres de bonnes. Les gens se rencontraient, les milieux sociaux se croisaient. Aujourd’hui, les jeunes francili