«Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors, ils l'ont fait.» Cet aphorisme emprunté à l'écrivain et essayiste Mark Twain résume l'état d'esprit qui prévaut tout au long des premières années d'existence de Libération.
Chacun des membres de la «tribu» a abandonné ses projets personnels pour se consacrer entièrement à celui-là. Cette utopie, directement inspirée des espoirs de Mai 68, émanation d’une agence de presse, l’Agence de Presse Libération (APL), créée en 1971 par des militants maoïstes et des journalistes professionnels, est le rêve d’une presse libre.
L'existence de ce «quotidien libre» reste cependant aléatoire pendant de longs mois. Jean-Paul Sartre en est le directeur de publication : sans cette figure tutélaire, Libération n'aurait sans aucun doute pas pu persévérer. Son titre fut cédé pour un franc symbolique par la famille d'Emmanuel d'Astier de La Vigerie (créateur du quotidien Libération né en 1941 dans la Résistance, et disparu peu après la guerre d'Algérie).
Serge July dans son bureau dans les années 1970. (Photo DR)
Un journal sans pub, financé par ses lecteurs
« Aujourd'hui, à nouveau, la France d'en bas a besoin de s'exprimer. C'est à ce besoin que répond Libé. En cela, nous pensons continuer une tradition née avec la Résistance », communique le journal daté du 25 mai 1973. Un journal libre sans publicité qui s'adresse directement à ses lecteurs pour se financer (même si des sommes très importantes ont été apportées, confidentiellement, par de