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Forum de Grenoble

Peut-on refaire l’école ?

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Événementsdossier
Le sociologue François Dubet participera au forum de Grenoble les 1er et 2 février. Avant le débat, il livre sa contribution.
Le sociologue François Dubet. (DR. )
par François Dubet, sociologue
publié le 27 janvier 2013 à 23h06
Il importe moins de savoir quelle école nous devons dessiner pour demain et pour l’Europe, que de savoir si nous avons la capacité politique de faire cette école. Depuis près de trente ans, notre système scolaire se transforme, s’adapte bon gré mal gré à sa propre massification et aux transformations économiques et sociales, il est fébrile et sans cesse agité tout en donnant le sentiment d’être incapable de se réformer. Ni la pédagogie, ni les modalités de sélections tenues pour injustes et inefficaces, ni les conceptions du métier d’enseignant, ni les grands clivages entre l’enseignement général et l’enseignement professionnel, entre les grandes écoles et l’université ne semblent pouvoir être mis en cause. Tout se passe comme si la volonté politique de réformer le système scolaire se perdait chaque fois dans les sables d’une machine incapable de se réformer.

Après les difficiles années Sarkozy réduisant les moyens et la formation des enseignants, une « refondation » de l’école semblait s’imposer autour d’une large consultation tant il va de soi que rien ne peut se faire sans le consentement des enseignants. De cette grande consultation sont issus des projets relativement modestes puisqu’ils ont soigneusement évité tous les points qui pouvaient déclencher des blocages et des conflits : rien ou pas grand-chose sur le service des enseignants, sur leur formation puisqu’il semble que l’on revienne aux IUFM sous une formule à peine différente, sur l’affectation des enseignants dans les établissements, sur le statut des classes préparatoires, sur le baccalauréat… Instruits par l’expérience historique, les responsables ont soigneusement évité tous les sujets qui pourraient fâcher.

Pourtant cette prudence semble encore trop hardie. Alors que le retour à la semaine de quatre jours et demi de classe semblait bénéficier de l’assentiment de tous, y compris des syndicats majoritaires, la réforme s’annonce bien plus difficile qu’on ne pouvait le croire. Qu’en serait-il si l’on touchait vraiment à la nature des concours de recrutement et à la formation des enseignants, au statut des établissements, au double système des grandes écoles et des universités, à la hiérarchie des filières et à l’orientation par l’échec… ?

Cette situation est d’autant plus choquante que personne n’ignore les faiblesses de notre système : inégalités scolaires excessives, taux d’échec et de décrochage inacceptables, perte de confiance des élèves, démoralisation d’une profession enseignante qui a du mal à recruter… Les pays qui obtiennent de meilleurs résultats ont eu la capacité de se réformer, or nous en semblons incapables en dépit des bonnes volontés et du sentiment d’urgence. Avons-nous perdu toute capacité politique en matière d’école ? La question doit être posée sans détours.

> Quelle école idéale pour l’Europe ?

Samedi 2 février de 10h à 11h30

Avec François Dubet (sociolog