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Diversité et parité, au cœur du changement ?

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La politologue Françoise Vergès sera à Grenoble le 1er février prochain. Elle plaide pour l'apprentissage de l'histoire de la pluralité française.
Françoise Vergès. (Photo Jean-Luc Lubrano. DR)
par Françoise Vergès, politologue, spécialiste des recherches post-coloniales
publié le 28 janvier 2013 à 18h04
Comment mettre en œuvre concrètement diversité et parité ? Comment les inscrire au cœur du changement, en faire une condition nécessaire du changement ? En quoi leur application pratique va t’elle contribuer au changement, et à quel changement ? Il faut, avant de répondre à ces questions, définir les termes : diversité, parité, changement, ces «concepts valises» qui se prêtent à toutes les interprétations.

La France se caractérise par son abstraction. Elle énonce des principes forts, mais a du mal à les faire respecter dans les pratiques sociales. Désirer diversité et parité est une chose, les mettre en œuvre en est une autre.

La France, ce n’est pas que l’Hexagone

Diversité et parité ont pour objectif de mettre fin à la disparité et l’inégalité, de rétablir un équilibre entre les citoyens qui constituent la population française. Les conclusions des études INED menées par Patrick SIMON en 2011 et 2012 sur les Français d’origine non-européenne ont montré que, pour ces derniers, l’origine et la couleur de peau sont les principales raisons invoquées des discriminations avant le sexe, l’âge ou la religion.

Il s’agirait donc de faire admettre dans les mentalités et dans les pratiques (changer les représentations ne suffit pas) qu’il y a des citoyens français qui ne sont pas «blancs» de peau car quand on parle de «couleur de peau», on pense tout de suite à ceux qui ne sont pas «blancs» de peau France, et qui ne sont pas originaires de provinces françaises.

La France, ce n’est pas que l’Hexagone. La longue histoire de la colonisation française a rassemblé sur son sol, des peuples autochtones, des descendants d’esclaves, de colons, de migrants, de bagnards, de travailleurs forcés, qui vivent au côté des descendants de migrants venus d’Europe, d’ouvriers, de paysans… Et personne ne sera chassé.

La France est aujourd’hui le seul pays européen confronté à un défi singulier : fabriquer du commun à partir d’une très grande pluralit