« Depuis de longues années, je garde tous les numéros de Libération que j'entasse dans ma maison de campagne. Je les garde parce que je n'aime pas jeter les journaux, encore moins les brûler ou les recycler. Un journal c'est comme un livre, un petit livre mais un livre quand même. Sauf quand c'est le Figaro. Mais là c'est une autre histoire.
L’autre raison pour laquelle je les conserve tous ou quasi tous est plus romantique. Je me dis que lorsque je serai vieux voire très vieux, revivre l’actualité trente ans après, jour après jour, sera probablement un moyen merveilleux pour raviver des souvenirs enfouis. Je ne le ferai probablement jamais mais cette idée est tellement belle qu’elle me fait résister avec force à toutes les pressions autour de moi pour me débarrasser de ce vieux papier imprimé. Il n’y aura donc pas d' autodafé de mon vivant. Néanmoins, face aux piles vertigineuses qui telles des stalagmites foncent inexorablement vers le plafond, je me dois d’opérer un tri.
Et oui, je garde donc je trie. Je trie selon un processus méthodique quoique très arbitraire en quatre catégories inégales. Et c’est la Une qui détermine dans quel groupe finira le numéro. D’abord, les jours ordinaires avec leur Une ordinaire. Forcément c’est une pile monumentale. Viennent ensuite les unes bien senties à la fois polémiques et brillantes, celles qui font rire parce qu’elles font grincer. C’est par exemple, le délicieux «Moi mon papa il est Président» de Jean Sarkozy. Le tro