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Forum de Grenoble

Les anciens débattent de la jeunesse

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Événementsdossier
Au cœur de la sixième édition du forum de Grenoble : la jeunesse. Mais a-t-elle répondu présente ?
par Aude Fredouelle et Géraldine Russell, étudiantes en master de journalisme à Sciences Po Grenoble
publié le 3 février 2013 à 17h53
Dans les rangs du public, des cheveux gris, des crânes dégarnis et même quelques cannes. Quelques visages rondouillards et juvéniles s’intercalent entre deux personnes d’âge mûr. Etudiants et lycéens sont rares. Faute d’intérêt, ou d’information peut-être.
«J’ai remarqué les affiches annonçant le forum en passant devant la MC2, mais personne, ni les profs ni les élèves, n’en avaient entendu parler dans mon lycée», déplore Cassandre, 18 ans, en terminale ES au lycée Marie Curie de Grenoble. «Les débats politiques me passionnent, j’en ai suivi huit en deux jours. Parfois avec ma mère, parfois seule. Mais j’ai été déçue de ne pas y croiser plus de jeunes, la moyenne d’âge était assez élevée.» Avis partagé par Bertille, 18 ans : «je m’attendais à ce qu’il n’y ait que des jeunes, et c’était tout l’inverse !»

Les jeunes choisissent leurs débats

Dire que les jeunes étaient absents du forum serait exagéré. Quand le sujet les touche, ils sont au rendez-vous. Parmi les intervenants du débat «Quelle école idéale en Europe ?», deux élèves de première de la Cité internationale de Grenoble. Leurs interventions soigneusement préparées lors de discussions avec leurs camarades ont d’ailleurs fait mouche auprès du public. A la fin de la discussion, une fois n’est pas coutume, les questions des quinquagénaires sont plus rares que celles des étudiants, nombreux dans la salle. Redoublement, culture de la compétition ou rythme scolaire : ils ont un avis, et ils le font entendre.

Mais certains débats, trop théoriques, restent boudés par les jeunes. Celui sur la culture numérique, par exemple. Hormis quelques étudiants en sciences politiques apparemment calés sur le sujet, l'assemblée reste grisonnante. C'est que, mis à part quelques références aux lolcats, au peer-to-peer et aux memes – visiblement de sombres inconnus pour l'assemblée – le débat a davantage tourné autour de références à Platon, Montaigne, T.S. Eliot ou Ezra Pound, du pop-art et de l'avant-garde ; des expressions telles que «haussmannisation d'Internet» ou «substances multimédia» ont fusé. Pas sûr que beaucoup de jeunes y reconnaissent leur pratique du web…

«Merci de donner enfin la parole à une jeune !»

Au-delà du public, c'est surtout des tables d'intervenants que les jeunes étaient les grands absents. «Merci de donner enfin la parole à une jeune !» s'exclame l'une d'entre eux