Menu
Libération
Forum de Grenoble

«On ne convainc pas un politique avec 3 000 fans sur Facebook»

Article réservé aux abonnés
Événementsdossier
Gilles Vanderpooten, rédacteur en chef de Reporters d’espoirs et co-auteur du livre "Engagez-vous" avec le résistant Stéphane Hessel, évoque l’indignation des jeunes sur les réseaux sociaux comme nouvelle forme de mobilisation.
par Laure Emmanuelle Husson, étudiante en journalisme à Sciences Po Grenoble
publié le 3 février 2013 à 19h10
Le rôle qu’ont joué les réseaux sociaux dans les évènements du Printemps arabe a été déterminant. En France, comme récemment pour les manifestations des pros et des anti- mariage pour tous, Facebook et Twitter ont été des moyens de mobilisation incontournable. Gilles Vanderpooten, invité du débat «Débattez-vous ! Indignez-vous ! Barrez-vous ! Mais que font les jeunes ?», explique en quoi ces nouveaux moyens de communication qui permettent aux jeunes de revendiquer sont utiles. Mais pas suffisants.
Est-ce que les réseaux sociaux permettent de mobiliser les jeunes ?

Il y a beaucoup de jeunes aujourd’hui qui «like». Mais finalement est-ce que «liker» est vraiment sincère ? Est-ce que ça veut dire qu’ils adhèrent ? Mobiliser sur les réseaux sociaux est une forme de pétition plus facile. Une pétition sur le papier est beaucoup moins efficace parce qu’elle circule sous le manteau et il faut se déplacer dans un forum pour y accéder. L’engagement sur Internet est finalement dilué car les gens ne se sont pas vraiment penchés sur la question à laquelle ils répondent.

Utiliser les réseaux sociaux pour revendiquer permet-il aux jeunes de se faire entendre ?

On voit les limites du «like». Aujourd’hui, on ne convainc pas un politique avec 3 000 fans sur Facebook. Il faut que les réseaux sociaux soient utilisés comme un outil pour se retrouver dans la rue, et non comme une fin en soi. Je crois beaucoup en l’action directe, en la confrontation, à la rencontre.

Il faut organiser des évènements festifs qui enthousiasment les jeunes, et non plus des vieux outils comme les manifestations ou les pétitions. Ça ne passe donc pas uniquement sur Internet. Bien sur, nous allons filmer les évènements et les poster sur You Tube mais pour se faire entendre, il faut être dans la rue.

Est-ce que les jeunes ont la capacité d’organiser des évènements concrets dans la rue ?

Aujourd’hui il y a un repli sur soi, je le vois autour de moi. Il y a une minorité de gens qui sont mobilisés. Lors de la 2ère guerre mondiale, il y avait entre 5 et 10% de résistants et c’est la même chose aujourd’hui : il y a 5 ou 10% des jeunes vraiment engagés.

Il y a une partie de la population qui n’est pas réceptive parce qu’elle crève la dalle. Un jeune qui ne trouve p