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Jan Gehl : «Partir des gens et finir par les immeubles»

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Événementsdossier
L’architecte danois prône des principes d’aménagement urbain bienveillants.
publié le 21 février 2013 à 19h06

Architecte et urbaniste danois, Jan Gehl (1) plaide pour que l’aménagement des cités parte des humains, rompant avec la domination automobile et la séparation des fonctions de la ville moderne.

L’espace public des villes ne devrait-il pas être forcément adapté aux habitants ?

Quand j’ai démarré mes études en 1960, l’enseignement était marqué par Le Corbusier. La ville était vue comme une machine. Puis, j’ai rencontré ma femme, qui était psychologue, et nous avons commencé à nous interroger sur cette théorie si éloignée des gens. Nous avons voyagé, nous avons regardé comment les gens utilisaient l’espace public et comment l’espace public façonnait nos usages. C’est cette conviction que j’ai enseignée pendant quarante ans. Partir des gens et finir par construire les immeubles ensuite a été la pratique courante pendant des siècles. Ce sont les cinquante dernières années qui ont détruit cette tradition. Quelque chose a été oublié par le modernisme de l’après-guerre et cet oubli est encore dominant dans la pensée des aménageurs.

Est-il possible de réparer les dégâts ?

Les choses ont commencé à changer. Des villes existantes ont fait de gros efforts pour revenir à ces fondamentaux. Barcelone, Strasbourg ou New York, parce que les électeurs ont cette demande de piétonnisation, de pistes cyclables et que les politiques sont obligés de les écouter. Ce vent souffle partout sur les villes anciennes. Mais dans les nouvelles, comme Dubaï par exemple, il y a peu d’habitants et ce sont les promoteurs et les investisseurs qui pèsent. De plus, la façon dont on leur a enseigné l’architecture est encore très marquée