Menu
Libération
Forum de Bobigny

Hadjadj Mebroka, participante au forum, «commence à désespérer»

Article réservé aux abonnés
Hadjaj Mebroka habite la cité des Quatre Mille, à La Courneuve (93). Lors de la conférence «Ile-de-France : villes riches contre villes pauvres ?», elle a exprimé son quotidien. Portrait d’une vie ordinaire en banlieue.
Hadjadj Mebroka, à la maison de la culture de Bobigny le 23 février 2013. (Photo Andréas Petit.)
par Marion Dubois, étudiante en journalisme à l'IPJ-Dauphine
publié le 23 février 2013 à 20h07
«On est pas tous des voleurs, ni des magouilleurs mais on vit dans la douleur car on est montré du doigt», slame Hadjadj Mebroka, 54 ans, originaire d’Algérie. En tailleur beige, bagues brillantes aux doigts, cette mère de trois enfants n’a pas hésité à interpeller Chantal Jouanno, sénatrice de Paris, et Benoist Apparu, député de la Marne, pour exprimer ses craintes. «J’ai tout misé sur les études et l'éducation de mes enfants, et je commence à désespérer. Ils ont fait des études et n’arrivent pas à trouver du boulot car ils sont victimes de discrimination.»

800 euros mensuels pour vivre à quatre

Elle vit seule avec Kaci (23 ans), Ali (22 ans) et Louni (20 ans). L'aîné est ingénieur en informatique, le second suit ses traces, tandis que le dernier est en première année à la fac de Jussieu. «Il a eu 20 de moyenne en maths, au dernier trimestre», confie avec fierté cette Algérienne d'origine. Leur quotidien se résume également en chiffres. Entassés au onzième étage, à quatre dans un 50 mètres carré, ils vivent avec les 800 euros par mois que touche leur mère grâce à sa pension invalidité.

C'est d'ailleurs son handicap, hérité d'une mauvaise piqûre à l'âge de 4 ans, qui l'a poussée à quitter l'Algérie. «Je n'étais pas la femme parfaite pour faire des enfants au bled», se rappelle-t-elle. Personne ne vient lui demander sa main, qu'importe, elle va se cultiver. Elle enseignera même le français dans son pays d'origine. «J'ai voulu faire des études, et surtout être libre.»

Arrivée en France à 26 ans, elle y rencontre le père de ses trois enfants. Aujourd'hui seule, elle n'hésite pas à reprendre une formation «pour ne plus être caissière à Auchan». A 54 ans, elle peut désormais prétendre à un poste de guichetière en banque. «Mais je ne trouve pas de poste depuis le mois d'octobre alors que j'ai envoyé plein de CV, et que je suis allée à plusieurs salons de l'emploi», raconte-t-elle. Elle explique son chômage par la discrimination en cinq points. «D'abord elle est liée à mon origine, puis mon handicap me ferme des portes et enfin