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Libération
Forum de Rennes

Pari pour une modernité scientifique

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Marc Augé, ethnologue et anthropologue. (DR)
par Marc Augé, ethnologue et anthropologue
publié le 14 mars 2013 à 17h35

Que faire ? Le titre interrogatif de la revue de Lénine n'a pas fini de nous provoquer et il est intéressant d'entendre réitérer la question à une époque, la nôtre, où l'on doute de tout. Où l'on doute, notamment, des grandes visions de l'avenir ébauchées au XIX° siècle qui ont fait des millions et des millions de victimes au moment du «passage à l'acte».

Où l’on doute aussi des tenants et aboutissants du «grand récit» libéral et de son idéal (démocratie représentative et économie de marché) devant ses échecs techniques (les inégalités s’accroissent), politiques (les régimes non démocratiques ont la vie dure) et idéologiques (Dieu est mis à toutes les sauces par les totalitarismes de tout poil).

Répondre à la question «que faire ?», qui en appelle au futur immédiat, expose dans les conditions actuelles au risque des vœux pieux et des considérations plus ou moins abstraites.

Comment ne pas rappeler d’abord que la question de la connaissance est essentielle à la définition de notre avenir, je veux dire de l’avenir de la planète et de l’humanité.

Elle est essentielle pour divers ordres de raisons. On peut penser d’abord que la connaissance des effets que le développement des sociétés humaines a sur la planète où elles vivent est cruciale pour leur avenir. Mais c’est à un autre aspect des choses que je voudrais m’intéresser ici, même si, bien sûr, il n’est pas indépendant de la première question. En la matière tout se tient.

Partons de deux constat. Premier constat : la scie