Parmi les pays occidentaux, la France est l'un des plus atteints par le pessimisme de son opinion publique et par le plus fort taux de défiance à l'égard de ses institutions. Cette «société de défiance» n'est pas sans lien avec l'extrême centralisation des pouvoirs qui structure la société française, bien au-delà des seuls rapports entre Etat et collectivités. Pierre Rosanvallon a magistralement dépeint la formation du «modèle politique français», et la crise à laquelle conduit la faiblesse de nos corps intermédiaires, la fragilité des lieux de négociation et de fabrication des compromis nécessaires au fonctionnement d'une société complexe.
Le poids des grands corps de l’Etat dans l’administration, de nos grandes entreprises et «champions nationaux» dans l’organisation des filières industrielles, des grandes écoles dans la sélection de nos élites… participent de cette centralisation qui s’auto-perpétue. Au risque de congestionner les lieux de décision nationaux et de déresponsabiliser la société civile, en transformant cette dernière en une mosaïque de corporatismes juxtaposés, parfois infantiles, qui semblent tout attendre du sommet.
Le «gouvernement à distance»
Le dernier quinquennat a sans doute renforcé ce «mal français» et les illusions qui accompagnent ce que certains appellent le «gouvernement à distance». Mon propos n’est nullement de cautionner les di