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TRIBUNE

Pour apprivoiser les écrans, ensemble

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Événementsdossier
par Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, docteur en psychologie habilité à diriger des thèses (HDR) à l'université Paris Ouest.
publié le 28 mars 2013 à 15h35

Les écrans de toutes natures sont de plus en plus présents dans notre vie quotidienne, nos enfants les utilisent de plus en plus tôt et… les inquiétudes ne cessent de grandir à leur sujet. Depuis les années 1990, de nombreuses études ont montré la nocivité de la télévision pour les très jeunes enfants, les dangers d’une consommation qui écarte l’enfant plus grand d’autres activités essentielles à son développement, et les conséquences des images violentes sur les comportements quotidiens. Du coup, les mises en garde se multiplient.

Hélas, si quelques familles en tiennent compte, notamment celles qui appartiennent aux milieux favorisés, ces appels restent largement sans effet : la consommation d’écran ne cesse pas d’augmenter, et avec elle le risque de consommation trop précoce et d’usages échappant à tout contrôle parental. Si la mauvaise information des usagers était la raison principale de ces usages excessifs, la dénonciation vigoureuse et argumentée des dangers des écrans devrait suffire.

Or elle ne suffit pas, et d’autant plus que ce domaine est l’objet d’enjeux commerciaux considérables qui s’appuient sur des publicités agressives et mensongères, comme l’a montré il y a quelques années le lancement en France des chaînes de télévision spécifiquement destinées aux bébés [1], et, actuellement, certaines campagnes en faveur des tablettes tactiles pour les très jeunes enfants.

Trop d’écrans ou… trop de souffrances à oublier ?

Le problème est que les écrans sont aujourd’hui largement utilisés pour tenter d’oublier les difficul