Rentrer chez soi après les bombes
Mais comment transmettre au public ce que l’on peut ressentir face à l’horreur quotidienne de ces conflits sanglants ? Comment rentrer à la maison après avoir vécu des semaines sous les bombes ? Passé par l’Irak, l’Afghanistan ou plus récemment la Syrie, Jean-Pierre Perrin concède qu’il est difficile de raconter à leurs proches ce que les journalistes voient sur le terrain.
«Quand je rentre en France, je fuis les questions. Non pas parce que ça me gêne, mais parce que je ne sais pas quoi leur dire. On peut dire que c'est effroyable, que c'est horrible, mais ça ne veut rien dire.» Noël Quidu, trois fois récompensé au World Press Photo pour ses images de la chute de Milosevic à Belgrade et des guerres civiles en Côte d'Ivoire et au Libéria, ne parle jamais de son quotidien à ses enfants : «Je me rappelle qu'un jour, j'éditais des photos de guerre sur mon ordinateur. Je ne savais pas que mon fils de cinq ans était derrière moi. Je m'en suis aperçu quand je l'ai entendu doucement pleurer.»
Témoigner malgré tout
Si l’évolution des moyens technologiques a profondément modifié les conditions de travail des reporters, leur dévouement pour le métier, lui, n’a pas changé. Jean-Pierre Perrin est intarissable quand il parle de la Syrie, pays qu’il connaissait bien avant le début de la guerre civile, et dans lequel il est retourné l’année dernière pour couvrir le conflit.
«Franchement, je ne m'attendais pas à ce que les conditions soient aussi dures. Deux journalistes ont été tués pendant l