Menu
Libération
forum de rennes

Reporters de guerre, raconter l’indicible

Article réservé aux abonnés
En Syrie, à Gaza… ils sont au cœur des conflits les plus violents. Qu’est-ce qui anime les reporters de guerre ? Jean-Pierre Perrin, grand reporter à «Libération», et le photographe Noël Quidu témoignent.
Jean-Pierre Perrin, Alexandre Schwartzbrod (modératrice) et Noël Quidu à Rennes le 29 mars. (Photo Tess Rimbeau)
par Claire Huille, étudiante en master de journalisme à Sciences Po Rennes
publié le 29 mars 2013 à 20h07
La profession attire tous les fantasmes. Tantôt taxés de sensationnalisme, accusés de manquer de neutralité ou soupçonnés de trucages, tantôt considérés comme de véritables soldats au service de l’information, les reporters de guerre doivent souvent se justifier auprès de leurs lecteurs.
En conférence vendredi 29 mars à Rennes, Jean-Pierre Perrin, grand reporter à Libération, considère que c’est bien la moindre des choses : «Nous sommes sans arrêt à poser des questions aux gens. Ils sont en droit d’attendre qu’on réponde aux leurs, sourit-il. Et puis ça rentre dans notre métier de faire de la pédagogie.»

Rentrer chez soi après les bombes

Mais comment transmettre au public ce que l’on peut ressentir face à l’horreur quotidienne de ces conflits sanglants ? Comment rentrer à la maison après avoir vécu des semaines sous les bombes ? Passé par l’Irak, l’Afghanistan ou plus récemment la Syrie, Jean-Pierre Perrin concède qu’il est difficile de raconter à leurs proches ce que les journalistes voient sur le terrain.

«Quand je rentre en France, je fuis les questions. Non pas parce que ça me gêne, mais parce que je ne sais pas quoi leur dire. On peut dire que c'est effroyable, que c'est horrible, mais ça ne veut rien dire.» Noël Quidu, trois fois récompensé au World Press Photo pour ses images de la chute de Milosevic à Belgrade et des guerres civiles en Côte d'Ivoire et au Libéria, ne parle jamais de son quotidien à ses enfants : «Je me rappelle qu'un jour, j'éditais des photos de guerre sur mon ordinateur. Je ne savais pas que mon fils de cinq ans était derrière moi. Je m'en suis aperçu quand je l'ai entendu doucement pleurer.»

Témoigner malgré tout

Si l’évolution des moyens technologiques a profondément modifié les conditions de travail des reporters, leur dévouement pour le métier, lui, n’a pas changé. Jean-Pierre Perrin est intarissable quand il parle de la Syrie, pays qu’il connaissait bien avant le début de la guerre civile, et dans lequel il est retourné l’année dernière pour couvrir le conflit.

«Franchement, je ne m'attendais pas à ce que les conditions soient aussi dures. Deux journalistes ont été tués pendant l