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Urbanisme participatif : la route est longue

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Difficile d’associer urbanisme, habitants, usagers et processus de décision. Odile Decq, architecte et urbaniste, et Vincent Renard, conseiller à la direction de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) ont appuyé cette idée au Forum de Rennes.
Vincent Renard, Odile Decq et Pierre Hivernat, qui modérait le débat, le 29 mars à Rennes. (DR)
par Alexandre Blaise, étudiant en master de journalisme à Sciences Po Rennes
publié le 29 mars 2013 à 20h28
Ils n’ont pas eu une minute de pause. Assis dans les fauteuils d’une salle vide du Théâtre national de Bretagne, Odile Decq et Vincent Renard sont pourtant prêts à discuter. Après plus d’une heure et demi de débat autour de la question «Urbanisme conceptuel ou participatif ?», aucune réponse n’a été trouvée. Mais les deux intervenants s’accordent : les citoyens ne participent pas à la prise des décisions politiques relatives à leur quotidien. Et l’urbanisme ne déroge pas à la règle.

«Une dose de despotisme éclairé»

Le problème de la participation citoyenne dans l'urbanisme n'est pourtant pas nouveau. «Il s'est déjà posé dans les années 1970», rappelle l'architecte et urbaniste, Odile Decq. Il se pose à nouveau aujourd'hui. En cause, ces projets réalisés sans aucune adéquation avec les besoins. «Près de Paris, dans la ZAC des Batignolles, de nouveaux bureaux ont été construits. Or, il y en avait déjà trop...»

Aujourd’hui, l’interrogation est la même : veut-on d’un urbanisme imposant ses projets et structurant la société ou d’un urbanisme qui laisse la place à la concertation en amont du projet ? Odile Decq et Vincent Renard se tournent plus vers le modèle participatif.

«Les villes, ce sont d'abord des habitants, assure la première. Sans participation, on pourra faire la plus belle des villes, ce ne sera pas la plus facile à vivre.» Un bémol cependant : participation n'est pas pouvoir de décision. «Il y a un équilibre à trouver entre le débat public et le moment décisif du permis de construire, assure Vincent Renard. Il faut une dose de despotisme éclairé pour faire les choix.»

«Le ministre de l’urbanisme, c’est Pierre Moscovici»

Seul hic pour les deux intervenants : rares sont les usagers et habitants à participer au montage d'un projet. «Une tradition française qui fait qu'on n'a a pas l'habitude de peser sur la décision finale», souffle Vincent Renard. Odile Decq invoque un manque d'esprit critique : «On ne peut le développer sans un minimum de connaissance.» 

Et sans un minimum de dialogue. Interrogée sur les projets de rénovation urbaine dans les quartiers, l'urbaniste fait la moue : «C'est assez compliqué. Le dialogue passe par des intermédiaires. Il est difficile pour nous,