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Couvrir la guerre «du côté des rébellions, c’est plus rock and roll»

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Noël Quidu a photographié les principaux conflits de ces 30 dernières années. Au «forum Libé», il raconte son métier de photographe de guerre, et évoque les difficultés que traverse la profession.
Noël Quidu au «forum Libé» le vendredi 29 mars à Rennes. (Photo Tess Raimbeau)
par Tess Raimbeau, étudiante en journalisme à Sciences Po Rennes
publié le 30 mars 2013 à 16h30
«J’étais un enfant turbulent». Noël Quidu a 17 ans lors de sa première fugue. L’année qui suit, Valérie Giscard d’Estaing abaisse la majorité à 18 ans. Il est alors «libéré de ses obligations», et se lance dans la réalisation de films. Le goût de l’image, une nature rebelle, et sa soif de voyage le mènent naturellement vers le métier de photographe de guerre. «Photographe tout court», préfère-t-il, réfutant une formule prétentieuse. A 57 ans, il a traversé les grands conflits de ces trente dernières années, des montagnes afghanes du commandant Massoud au désert malien.

Il n'a pas toujours accompagné les soldats : il commence par shooter les célébrités, qui «l'emmerdent à mourir». Repéré par l'agence Gamma, il est sensé couvrir le milieu du show bizz. Mais Noël Quidu harcèle sa direction, jusqu'à ce qu'on le laisse partir au Liban. Il veut témoigner, s'éloigner loin du bling bling parisien.

«Les photographes sont devenus une monnaie d’échange»

Il apprend seul. Et si un jeune lui demande conseil, il répond qu'il n'y a pas de «savoir faire de la guerre». «Aucune guerre n'est semblable. Et aujourd'hui, c'est de plus en plus dangereux, les journalistes et photographes sont devenus une monnaie d'échange.» Il raconte le Mali, où il est resté trois semaines. Il n'a pas eu d'autre choix que celui d'être «embedded» ; de suivre les lignes françaises.

Impossible de traverser le front : le risque de prise d'otage est trop important. Se faire prendre, c'est engager de plus grandes responsabilités que la sienne. A la guerre, il a ses préférences : «du côté des rébellions, c'est plus rock and roll». Le photographe et les insurgés se rejoignent souvent dans le rejet de l'autorité. Mais Noël Quidu n'embrasse aucune cause : «je ne suis pas une groupie.»

Au front, les photographes sont en première ligne. «pour faire les derniers mètres, il ne reste que nous.» Si le journaliste-rédacteur peut rester en retrait, le photographe, s'il veut «la» photo, doit se déplacer. «On laisse la peur dans l'avion». Malgré la concurrence, les reporters, carnet en main ou appareil