«Historiquement, les services secrets sont une source d'emmerdement pour l'État. Il y a une fascination pour ce qu'un bon cabinet noir peut faire. Et la crainte de ce qu'un bon cabinet noir peut vous faire». François Heisbourg expose la situation avec humour. Il est conseiller spécial à la fondation pour la recherche stratégique. Un titre vague pour désigner une éminence grise du renseignement français.
Le renseignement suscite le fantasme
Instruments nécessaires de l'Etat - François Heisbourg les qualifie de «service public» - ils ont pour mission première la recherche d'informations, la sécurité et l'intelligence. Leur conception «à la française» soulève cependant des interrogations : «Traditionnellement en France, la mission du renseignement est confiée aux militaires, et se situe parfois à la limite de l'illégal. Heureusement ça commence à changer». Yves Bonnet est bien placé pour en juger puisqu'il a été patron de la DST (Direction de la Surveillance du Territoire) entre 1982 et 1985. Une culture du secret qui a fait que pendant longtemps, les agents des renseignements ne savaient pas ce qui se passait dans le bureau d'à côté...
Et dans une République, leur existence même est basée sur un hiatus qui dérange. François Heisbourg le résume crûment : «Une bonne armée, efficace, fondamentalement c'est celle qui tue des gens. Et ça, ce n'est pas démocratiquement acceptable».
Réconcilier Justice et Services secrets
Aujourd'hui, l'enjeu majeur qui attend les renseignements français est double.