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«En partant de Marseille, on arrive à Tunis plus rapidement qu’à Paris !»

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par Laure Broulard et Anne-Flavie Germain, étudiantes en journalisme à Sciences Po Aix-en-Provence
publié le 20 avril 2013 à 14h23
La Tunisie et la Grèce sont les représentants de deux crises qui bousculent l’espace méditerranéen : les transitions politiques au Maghreb et la crise économique européenne. Invité à l'occasion de forum de Marseille, Samir Dilou, ministre tunisien des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle revient sur le lent processus de transition tunisien et les défis de la coopération interméditerranéenne.
Quel est votre projet au ministère des Droits de l’homme ? Qu’est-ce que cela implique ?

Etre ministre, déjà, cela n’est pas simple après une révolution. En Tunisie, nous n’avons pas de tradition démocratique, nous sommes plutôt dans l’apprentissage. Cependant les aspirations de la population sont très importantes. Les gens sont impatients. Mais les problèmes sont nombreux : d’ordre socio-économique, politique et sécuritaire. À cela s’ajoute une situation instable dans la région, notamment à cause de la situation en Libye avec un très grand stock d’armes qui circule. C’est un fardeau de plus.

Si je parlais concrètement de mon projet, cela pourrait prendre des heures. Pour moi la question des droits de l’Homme est une question essentielle. J’ai toujours dit qu’on ne peut pas réussir une transition démocratique si on ne réussit pas dans cet effort pédagogique qui est de dire aux gens que l’on peut aborder la question des droits de l’homme d’une autre manière que celle de la dictature ; que la société civile peut jouer un autre rôle que celui de la dénonciation. Un rôle pédagogique, un rôle de régulation, un rôle de travail sur les institutions. L’essentiel c’est d’effectuer cela dans la durée : la reforme des institutions, celle du cadre juridique et des mentalités.

Le projet de la Justice Transitionnelle, c’est la réponse à une question toute simple. Comment tourner la page des exactions et des crimes de la dictature, avec les moindres dégâts ? Et cela sans sombrer ni dans l’impunité ni dans la vengeance.

Concrètement, comment s’y prend-t-on pour mettre en oeuvre cette justice transitionnelle ?

Premièrement on élabore une loi cadre. C’est une première en