Quel est votre projet au ministère des Droits de l’homme ? Qu’est-ce que cela implique ?
Etre ministre, déjà, cela n’est pas simple après une révolution. En Tunisie, nous n’avons pas de tradition démocratique, nous sommes plutôt dans l’apprentissage. Cependant les aspirations de la population sont très importantes. Les gens sont impatients. Mais les problèmes sont nombreux : d’ordre socio-économique, politique et sécuritaire. À cela s’ajoute une situation instable dans la région, notamment à cause de la situation en Libye avec un très grand stock d’armes qui circule. C’est un fardeau de plus.
Si je parlais concrètement de mon projet, cela pourrait prendre des heures. Pour moi la question des droits de l’Homme est une question essentielle. J’ai toujours dit qu’on ne peut pas réussir une transition démocratique si on ne réussit pas dans cet effort pédagogique qui est de dire aux gens que l’on peut aborder la question des droits de l’homme d’une autre manière que celle de la dictature ; que la société civile peut jouer un autre rôle que celui de la dénonciation. Un rôle pédagogique, un rôle de régulation, un rôle de travail sur les institutions. L’essentiel c’est d’effectuer cela dans la durée : la reforme des institutions, celle du cadre juridique et des mentalités.
Le projet de la Justice Transitionnelle, c’est la réponse à une question toute simple. Comment tourner la page des exactions et des crimes de la dictature, avec les moindres dégâts ? Et cela sans sombrer ni dans l’impunité ni dans la vengeance.
Concrètement, comment s’y prend-t-on pour mettre en oeuvre cette justice transitionnelle ?
Premièrement on élabore une loi cadre. C’est une première en