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L’art et la rue, frères d’armes

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par Romane Dene et Laure Broulard étudiantes en journalisme à Sciences Po Aix-en-Provence
publié le 20 avril 2013 à 14h46
Réunis autour du débat «Jeunes du Caire, de Madrid et d’Athènes, même combat ?» Hicham Ezzat et Sophia Kourkoula partagent avec le public leur expérience entre art et engagement. La jeune artiste athénienne a participé dès 2008 et jusqu’en 2012 aux soulèvements de la jeunesse grecque contre l’austérité et la situation économique précaire du pays. Révolutionnaire franco-égyptien, Hicham Ezzat a pour sa part  fait partie de ceux qui à la place Tahrir s’opposaient à un gouvernement empoisonné par la corruption. Malgré les différences de ces luttes, l’art est utilisé par chacun d’eux comme un support à leurs actions.
Sophia Kourkoula est une jeune Athénienne de 27 ans, membre d’Amaka, une association fondée à la suite de la mobilisation de la jeunesse grecque en 2008 et dédiée à l’aide aux minorités dans le pays. Dans ce collectif comme ailleurs, l’art est utilisé comme un media social et comme un outil d’action politique efficace sur le long terme.
De quelle manière l’art est-il utilisé au sein d’Amaka, et dans quel but ?

Amaka est un collectif composé d’artistes, de philosophes, de réalisateurs et de photographes qui travaillent sur la base du volontariat. Nous proposons des cours et des ateliers pour les groupes sociaux minoritaires en Grèce, par exemple les immigrés arrivés il y a peu. Ces personnes, jeunes ou moins jeunes, tentent de traverser l’Europe et se retrouvent bloqués à Athènes.

C’est lié à la législation européenne, avec des traités tels que Dublin II, qui rend difficile la circulation des étrangers au sein de l’Union. Beaucoup viennent retrouver leur famille en Europe du Nord, et sont finalement obligés de rester en Grèce. Ils sont  très seuls, et c’est là que nous intervenons, dans le but de les socialiser afin qu’ils réalisent qu’ils font partie de notre société. Nous travaillons au renforcement de leur identité ; nous voulons comprendre d’où ils viennent, et leur faire comprendre notre manière de fonctionner.

Nous les faisons participer à des projets artistiques : ils ont  par exemple déjà monté une pièce de théâtre. Il y a aussi chaque année un festival dans lequel ils présentent leur travail. L’art nous permet de mettre en place une réelle collaboration avec eux.

L’art est donc un moyen privilégié de communication dans le cadre d’une action sociale ?

Oui, c'est une langue, c'est un code : avec les images ou la musique, il n'y a pas besoin de langue commune pour se comprendre. Dans ce festival, on peut voir des gens du Bengladesh, des grecs, des gens d'Afghanistan, des gens du Kurdistan, du Pakistan ou d'Israël, qui jouent de la musique ensemble, qui jamment