Quel rôle la chaîne Al-Jazeera a-t-elle joué pendant le printemps arabe de 2011 ?
Al-Jazeera a tenu une énorme place pendant les révolutions arabes parce que c’est la chaîne qui a permis de faire passer les messages, qui a diffusé les images et qui a donné une voix à la jeunesse urbaine qui utilisait les médias sociaux pour appeler à la mobilisation. Par exemple, en Tunisie, Al-Jazeera a eu l’intelligence de suivre de très près Facebook, Youtube et les blogs de jeunes qui n’arrivaient pas à s’exprimer autrement que sur Internet et ils les ont relayé à la télévision. Cela a éveillé une attention nouvelle, a donné une nouvelle image de ce qu’il se passait en Tunisie alors qu’au début, personne n’avait vraiment pris très au sérieux le mouvement tunisien.
Al-Jazeera lui a donné sa chance sans savoir à l’avance l’impact que ça aurait. A la chute de Ben Ali, on entendait dans les rues de Tunisie «Vive Al-Jazeera !» et on voyait même des drapeaux du Qatar – ce qui a aussi été le cas plus tard en Egypte et en Libye. La traînée de poudre d’Al-Jazeera en Afrique du Nord a été réelle. Sauf que le rôle d’Al-Jazeera en Egypte n’était plus une surprise puisqu’il y avait eu la Tunisie avant.
En Egypte, Al-Jazeera a diffusé en direct les manifestations de la place Tahrir, c’était le média qui était là sur place pour relayer ce qu’il se passait et qui jouait le rôle de mégaphone. Pendant tout le printemps arabe, cette télévision a eu un impact démultiplicateur extraordinaire, mais ça a aussi été le catalyseur de ces révolutions.
Deux ans après les révolutions, quelle est la place d’Al-Jazeera dans les pays arabes ?
Actuellement, Al-Jazeera a perdu beaucoup de s