Invitée à débattre au forum Ile-de-France de Libération sur le thème Quel visage pour le musée de demain ?, Albertine Meunier évoque le projet Hype(r)Olds qu’elle mène depuis 5 ans avec des femmes de plus de 77 ans : un gang de seniors connectés qui se retrouve autour de la création de contenus multimédias. L’initiative traduit une ambition : l’art pour donner corps au virtuel. Explications.
Quelle place le numérique a-t-il dans votre démarche d’artiste?
Internet est pour moi à la fois un objet technique et un objet d’observation. C’est une «matière à penser», sur des questions de fond essentielles : la protection des données personnelles, le basculement des notions de temps et d’espace, l’évolution de la linéarité de la pensée... C’est aussi un moyen de rendre tangible ce qui est caché : une exploration de territoires qui ne sont pas visibles, et que je donne à voir.
Finalement, Internet apporte une complexification du monde mais aussi un enchantement : il a une dimension réellement «magique», qu'on a tendance à oublier : j'aime ré-enchanter le numérique. Par exemple, avec Au-delà de 1 m/s, j'ai créé un dispositif qui permet d'observer concrètement la vitesse d'Internet : activé par le réseau, un mécanisme déverse des billes d'acier ; leur nombre correspond au nombre de fois que l'expression «je pense