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TRIBUNE

L'école, l'égalité des malchances

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Pour Jean-Michel Barreau, auteur du «Dictionnaire des inégalités scolaires», l'école a encore une longue route à parcourir vers l'égalité.
Un jeune écolier sur le chemin de l'école. (Photo Mychele Daniau. AFP)
par Jean-Michel BARREAU, chercheur en sciences de l’éducation
publié le 3 octobre 2013 à 16h09


> Jean-Michel Barreau sera présent au Forum «A bas la crise !» organisé par Libération le 19 octobre à Paris. Entrée libre, plus d’informations ici.

Il y aura innovation sociale réelle quand la République interviendra concrètement sur ce que l’on pourrait nommer «l’égalité des malchances» dans son école. C’est-à-dire ces conditions sociales pénalisantes qui pèsent de façon relativement «égale» - si l’on peut s’exprimer ainsi – sur les milieux sociaux les plus défavorisés, garçons et filles confondus. Et qui préfigurent assez mal de leur réussite scolaire. Où, pour le dire autrement, qui préfigurent assez bien de leur malchance à réussir à égalité avec d’autres, plus protégés dans ce domaine.

Certes, notre école républicaine n’en est plus à la préhistoire de ses inégalités socialo-scolaires. Quand, sous la troisième République, «école du peuple» et «école de la bourgeoisie» étaient séparées en deux mondes parallèles et étanches qui fixaient les destins de ses enfants en les plaçant sur des rails aussi divergents que ceux des métiers pour les uns et de la notabilité pour les autres. Avec ses 1% d’une classe d’âge qui obtenaient le baccalauréat en 1880, pour n’atteindre que 2,6% dans les années 30, tout était dit de l’absence de la répartition sociale des diplômes scolaires et universitaires. Dans cette maigre pitance de justice scola