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TRIBUNE

Le romanesque de la guérison

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Kinésithérapeute et écrivain, Régine Detambel regrette que la littérature ne s'intéresse pas davantage à la guérison des corps.
par Régine Detambel, kinésithérapeute et écrivain
publié le 16 octobre 2013 à 19h15

> Régine Detambel sera au Forum «Le corps, quel engin !» organisé par Libération à Montpellier les 8 et 9 novembre.

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J’ai longtemps fréquenté les hôpitaux comme auxiliaire médicale. J’y suis souvent retournée par l’écriture. Un hôpital est une grosse machine cliquetant comme un Tinguely, une entreprise pleine de mouvements et de bruits, de circuits électriques, de pompes, de lumières, de matériaux radioactifs, avec du plâtre, des clous, des vis... L’hôpital est aussi vivant et bruyant qu’un chantier d’autoroute.

Dans mon roman Son corps extrême (Actes Sud, 2011), je rappelle que le corps, comme acteur et comme œuvre, ne devrait pas être exclusivement réservé aux plasticiens et aux performeurs. Un patient polytraumatisé, se remodelant, s'exhibe en pleine performance, dans un authentique art du corps.

On a traité de la cicatrice en littérature. De la cicatrice comme d’un événement plastique, d’un tatouage individualisant, d’un énoncé hideux. Mais il me semble que l’on n’a presque jamais parlé de la cicatrisation comme processus, de l’immense capacité romanesque de notre pouvoir de cicatrisation (une charpente de réparation est ingénieusement, irréversiblement lancée d’un bord à l’autre de la plaie), ni d’ailleurs de notre faculté de consolidation (régénération du tissu osseux après une fracture).

En cela, j’ai toujours trouvé que la littérature était très en retard, trop, sur les arts plastiques.

La guérison est une construction

Un hôpital est un chantier organique. Tous les c