Menu
Libération
TRIBUNE

Dopage : le corps, un produit comme un autre

Article réservé aux abonnés
Événementsdossier
Ancien entraîneur de l'équipe Festina, Antoine Vayer lit les corps et la façon dont les sportifs les manipulent et les dopent, au nom de la performance.
Jambes de cyclistes. (Photo Francois Lenoir. Reuters)
publié le 22 octobre 2013 à 15h36

> Antoine Vayer sera au Forum «Le corps, quel engin !» organisé par Libération à Montpellier les 8 et 9 novembre. Plus d’informations ici.

Le corps en sport ? S’il est décharné, tu sais reconnaître son alimentation en produits pharmacologiques. Un crachat sur le stade, de la sueur comme une fontaine derrière des yeux «pleins phares», la syntaxe de «l’athlète» en interview après l’effort, un mouvement de langue sur un palais asséché finissent de te convaincre qu’il a pris tel ou tel euphorisant. Les Anglais disent «drugs», pas dopage.

Le corps est un cerveau, une machine qui carbure, au sucre ou au super. Les «drugs» sont magiquement efficaces et sculptent. On voit pendant une cure de clenbuterol les muscles et les veines gonfler, saillir. On lit à la sculpture, au geste parfait, à la surpuissance, à la précision, l’oxygénation exogène des cellules. On s’esbaudit. Souvent, le résultat n’est pas issu d’un travail acharné à l’entraînement, ni d’une diététique de pointe. Les produits champlèvent, c’est tout, font carburer la machine, respirer calmement, un temps sur deux.

Films X avec bodybuildés

Un entraîneur expérimenté lit le corps beaucoup mieux qu’un neurologue puisse étudier l’ombilic des limbes. Il sait. Il n’est pas dupe. Les sportifs s’adorent, se regardent dans la glace, s’admirent seuls sous la douche. Beaucoup, surexcités, trouvent dans le sexe un moyen de «f