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TRIBUNE

Sommes-nous faits de l'étoffe dont on fait les rêves ?

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La nuit, débarrassé des interférences, notre cerveau semblerait plus efficace. Explications avec le neurologue Pierre Lemarquis.
Un cerveau humain présenté lors d'une exposition à Sao Paulo en août 2009. (Photo Mauricio Lima. AFP)
par Pierre Lemarquis, neurologue
publié le 22 octobre 2013 à 16h24

> Pierre Lemarquis sera au Forum «Le corps, quel engin !» organisé par Libération à Montpellier les 8 et 9 novembre. Plus d’informations ici.

La découverte des neurones miroirs par l’équipe de Giacomo Rizzolatti à Parme a révolutionné les neurosciences. Ainsi, notre cerveau, non seulement possède une plasticité, mais s’adapte à son environnement en l’imitant. Le bébé apprend à parler en voyant les mouvements de la bouche de sa mère, en les reliant aux sons émis, comme il boit le lait à son sein. L’apprenti assimile les gestes que lui montre son maître, qu’il s’agisse d’un technicien, d’un sportif ou d’un musicien.

Le processus est encore plus exaltant quand il se couple aux circuits de l’empathie : il devient alors possible de ressentir les mêmes choses que son interlocuteur, qu’on lui accorde ou non sa sympathie, et les danseurs de tango s’élancent sur la piste, les couples entrant bientôt en résonance émotionnelle. Le phénomène se produit également face à une œuvre d’art ou un paysage dans lequel on se projette tout en l’incorporant, et qui finit par modifier notre cerveau à la manière d’un médicament. Nous avions cru apercevoir notre reflet dans un tableau qui nous attire mais ce dernier nous sculpte et nous transforme en retour, élargissant notre champ de vision. Spinoza avait raison, nous disent les neurosciences, l’esprit naît de la ma