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TRIBUNE

Je ne comprends pas les canons de beauté

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Événementsdossier
Elizabeth Prouvost photographie les corps nus dans le noir, pour les libérer des pressions sociales. Explications.
Photo de nu dans l'obscurité. (Photo Elizabteh Prouvost)
par Elizabeth Prouvost
publié le 5 novembre 2013 à 14h27

> Elizabeth Prouvost sera au Forum «Le corps, quel engin !» organisé par Libération à Montpellier les 8 et 9 novembre. Plus d’informations ici.

Je ne photographie que des corps nus en mouvement. Mon travail de photographie se passe dans l’obscurité, endroit où l’on a tout oublié mais où tout est là. Dans la nuit, le corps se dérobe et se crée infiniment. Chaque séance doit être une évasion, un hors de soi et du temps. Alors naissent les formes libres, les métamorphoses.

Je permets à chacun de mes modèles de naître autre, loin de soi. Peu importe que les corps soient gros, maigres, mutilés où entiers, je photographie l’énergie qu’ils dégagent. Je cherche à toucher l’essentiel noyau de l’existence, je refuse l’anecdotique. Etre dans l’insoumission hors de l’espace commun et du jugement, une ouverture illimitée.

La volupté des courbes pleines me réjouit autant que la violence des corps anguleux, la béance des espaces vides de la mutilation autant que les déformations. Il n’y a pas de limite, d’interprétation logique, de concession, seulement la genèse. J’estime que je suis libre quand je ne suis pas les lois de l’obéissance de la représentation.

Je ne comprends même pas ces fameux canons de la beauté. Il y a fort longtemps que j’ai pris la décision de faire le vide de toutes sortes de soumissions au réel imposé. Retrouver la violence de la sensat