Cela fait exactement deux décennies que le taux de chômage en France métropolitaine est passé au-dessus de la barre des 10%. En 1975, date que les historiens retiendront sans doute comme l’année zéro de «la» crise, on comptait 3% de demandeurs d’emploi. La machine économique tournait à plein régime et l’immigration permettait de combler le manque de main-d’œuvre.

Depuis 1993, la France semble inscrite pour toujours au Pôle Emploi, comme s’il fallait abandonner tout espoir d’un retour au plein-emploi. Vingt ans paraît un peu long pour parler de crise. Le travail a changé durablement. Le parcours professionnel était rectiligne : on avait une carrière et une seule, qui souvent se prolongeait de père en fils, ou de mère en fille. Nous proposons aujourd’hui de parler de carrières d’artichaut, parcours multiples, imprévisibles, faits de coups de cœur, de coups de chance, de bons choix ou de mauvaises pioches.

Face à cette situation d’un chômage endémique, on peut se demander si la France, terre d’immigration, est devenue une terre d’émigration. Faut-il la quitter, qu’on l’aime ou pas, pour aller trouver du travail ailleurs ?

Le Forum Eco mis sur pied par Libération, en partenariat avec le département d'économie de Sciences Po, sera l'occasion de débattre de ces questions avec, entre autres, Michel Sapin, ministre du Travail, de l'Emploi et du Dialogue social, Hélène Conway-Mouret, ministre déléguée aux Français de l'étranger et Marti