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Boucles d'oreilles, jupe courte, chaussettes hautes d'écolière, t-shirt noir semi-transparent laissant entrevoir une poitrine dépourvue de soutien-gorge. Nathalie Balsan-Duverneuil est une femme. Seules sa grande taille et sa voix légèrement grave peuvent rappeler que derrière cette «fille du sud», comme elle se définit, se cachait autrefois Nathan. Nathan est né en 1973 à Gérone, en Espagne franquiste, de parents inconnus. Il passe cinq ans dans un orphelinat avant d'être adopté par un couple de Français et naturalisé l'année suivante.
Durant des années, Nathan joue le rôle de petit garçon pour ses parents adoptifs, puis d'ado bien dans ses pompes, «un vrai mec, leader syndicaliste» qui «emballait sec». Adulte, la mascarade se poursuit. Photo reporter, il part à Gaza en 2001 : un reportage photo de couples mixtes juifs et arabes lui vaudra le prix de photojournalisme du festival de Melbourne. Installé à Paris, Nathan a un enfant, Louise, qui décédera peu après. C'est une tentative de suicide qui le poussera à devenir enfin celle qu'il se sent être réellement. «30 ans que je me mentais à moi-même», lâche Nathalie, une Vogue fumante entre les doigts.