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Forum de Montpellier

Le corps pour signature

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Événementsdossier
L'habit ne fait pas le moine... Mais le corps, si ! Explications avec le philosophe Georges Vigarello au Forum «Libé» de Montpellier.
par Irène Lorgeré, étudiante en journalisme à Montpellier 1
publié le 8 novembre 2013 à 21h22

Avec l’émergence de sociétés tertiaires et techniques à la fin du 19ème siècle, la ligne du corps prend le pas sur la tenue vestimentaire. Toute lourdeur devient une contrainte car elle empêche vitesse et technique, explique Georges Vigarello, historien et philosophe. Les tenues lâches d’antan et le costume trois-pièces gênent les mouvements et freinent la rapidité. Le début de la dictature de l’allure ?

Montrer qu’on domine son corps devient une nécessité. Fini la silhouette en forme de «S», place à celle en «I». Mince, le corps doit aussi paraître tonique. Il symbolise alors l’efficacité de la personne à produire, sa performance, sa détermination et son autonomie.

Cette évolution concerne d’abord les femmes : elles entrent dans l’espace public, dans le monde du travail pour jouer un rôle, occuper une place à part entière. La minceur féminine devient une exigence fonctionnelle. Les femmes doivent conjuguer esthétique et minceur tonique.

Aujourd’hui, assure Vigarello, la signature de soi, c’est le corps. Il traduit la personnalité. On assiste au triomphe de l’anatomie sur la tenue. Comme l’habit colle à l’anatomie, les femmes deviennent plus exigeantes avec leur corps. Ce culte du corps qui pousse à la consommation est encouragé.

«Mais le travail sur le corps s'avère plus difficile que sur l'habit. Quand le corps résiste ou manifeste des dysfonctionnements, des souffrances naissent», relève Georges Vigarello. Les femmes s'imposent régimes, séances de sport et autres con