«Gros, gras, mon corps balance» : tel est le thème du débat auquel participait Gilles Boëtsch vendredi 8 novembre lors du Forum Libé de Montpellier consacré au corps. Interview.
Les habitants des pays du sud ont une corpulence moyenne plus importante que dans les pays du nord, selon une étude de l'Ined. Pourquoi ?
En Occident, le problème - que l’on veut faire passer comme étant celui des femmes - est qu’elles veulent être toujours plus minces. Dans les pays du sud, au contraire, l’une des priorités est de «bouffer». Si vous êtes ronde, c’est que vous avez à manger, que vous êtes en bonne santé et que vous avez de l’argent. Mais si vous êtes maigre, c’est que potentiellement vous êtes malade, vous êtes pauvre, et on peut vite penser que vous avez le sida.
Le cas des Etats-Unis est assez paradoxal : pays occidental où l’obésité touche un tiers des adultes. Comment expliquez vous ce phénomène ?
Selon un rapport du Center for disease control and prevention d’Atlanta, l’obésité se répand extrêmement vite aux Etats-Unis. Mais le problème ne touche pas toutes les couches sociales et toutes les cultures présentes dans ce pays. On trouve par exemple plus d’obèses chez les afro-américains ou les latinos. Mais ce surpoids peut également s’expliquer par les histoires individuelles, par la maîtrise de différents éléments, comme l’alimentation ou la pratique du sport.
Le regard des hommes et des femmes sur leur corps peut-il changer aujourd’hui ?
Il me semble que ce n’est pas à l’ordre du jour. Les gens ont encore besoin de se fixer des objectifs vis-à-vis de leur corps. Ils sont dans le paraître et ont besoin de se rattacher à des canons esthétiques, à des normes. On stigmatise les obèses comme étant «non contrôlés socialement», comme si leur poids était vou