Menu
Libération
Forum de Montpellier

Science-fiction : «je me sers du roman pour alerter»

Article réservé aux abonnés
La réalité rattrape parfois la science-fiction : prothèses robotisées, ADN artificiel, cerveaux synthétiques... Rencontre avec Jean-Michel Truong, auteur de romans d’anticipation.
"The Incredible Bionic Man", un robot présenté au National Air and Space Museum à Washington. (Photo Joshua Roberts. REUTERS)
par Valentin Vié, étudiant en journalisme à Montpellier 1
publié le 9 novembre 2013 à 15h45
Avez-vous anticipé dans vos romans certaines inventions ?

Mon premier roman parlait du clonage. Je l’ai écrit dans les années 80, alors que le mot n’existait même pas dans le dictionnaire. A l’époque, on commençait à parler de ce phénomène de façon embryonnaire. On ne clonait pas des organismes entiers, juste des cellules. Je me suis demandé comment cela allait évoluer, si cela pouvait avoir un impact sur la race humaine, quels problèmes d’ordre éthique cela posait. Allait-on se servir un jour de clones humains comme réserves de pièces détachées pour les malades ?

Voilà qui rappelle le scénario du film The Island de Michael Bay, sorti en 2005…

Oui, exactement, mais le film a été réalisé 20 ans après. Et aujourd’hui, cette alternative apparaît beaucoup plus plausible. Le premier être vivant cloné, la brebis Dolly, est sorti des laboratoires 18 mois après la parution de mon roman. Mon objectif était de réfléchir à l’impact des technologies sur les sociétés. Je me sers du roman comme un moyen pédagogique pour intriguer les gens, les alerter, les faire réfléchir. Ce qui m’intéresse, c’est l’impact.

Le corps va-t-il être envahi par les technologies ?

Quand on vous dit que maintenant, on peut remplacer des organes, ce n’est déjà plus un fantasme. On a même créé, il y a quelques années, un nouvel ADN artificiel. Et celui-ci a commencé à se répliquer. Ça ne va pas plus loin que quelques divisions de cellules, mais ça veut dire qu’on a là une chimère, une créature vivante totalement inconnue puisqu’elle repose sur un ADN qui n’existe pas. Et là, on peut s’inquiéter. Que va donner cette créature si elle se développe au stade d’un organisme complet ? Sera-t-elle inoffensive