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«Le salarié devient un entrepreneur de sa carrière»

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Les parcours professionnels sont de moins en moins rectilignes. Qu'est-ce que cela change dans la façon dont les travailleurs appréhendent leur carrière et leur avenir ? Eléments de réponse avec deux sociologues.
Les salariés sont confrontés à des parcours de moins en moins rectilignes. (Photo Yuriko Nakao. REUTERS)
par Laure Beaulieu, étudiante en journalisme à Sciences Po
publié le 21 novembre 2013 à 10h23

> Venez débattre ce jeudi autour du thème «Carrières d'artichaut», lors du Forum Eco organisé par Libération à Sciences Po. Entrée libre, informations et réservations ici.

David Mélo est maître de conférences en sociologie à l'université d'Orléans. Il est l'auteur de l'ouvrage Les CDI dans la tourmente : entre loyauté et désarroi. Bénédicte Zimmerman est directrice d'études à l'EHESS et directrice du Centre Georg Simmel.

Peut-on parler d’une érosion, voire d’une disparition des parcours professionnels rectilignes ?

David Mélo : Le terme «disparition» est un peu fort. Il reste des segments du monde de l'emploi (les entreprises publiques ou anciennement publiques par exemple) dans lesquels un certain nombre de catégories de travailleurs accomplissent toute leur carrière. Néanmoins, il est vrai que les carrières sont de plus en plus touchées par des changement d'affectation. Auparavant, elles se présentaient comme des «chemins carrossables», selon l'expression du sociologue américain Richard Sennett, aujourd'hui ce sont plutôt des chemins chaotiques, erratiques, incertains.

Bénédicte Zimmerman : La carrière rectiligne renvoie à l'idée d'un CDI au sein d'une seule et même entreprise. A côté de ce modèle de la «trajectoire», se répand aujourd'hui celui du «parcours» de carrière, qui renvoie plutôt à l'image d'un cheminement non linéaire, dont les différentes étapes ne sont pas connues à