Passer quarante ans dans la même boîte, c'est terminé. Aujourd'hui, les parcours professionnels ont des airs de chemins sinueux, bien loin de l'autoroute rectiligne qui était encore la norme il y a peu. «La mobilité s'est accélérée dans nos sociétés d'innovation», souligne Yann Algan, professeur à Sciences Po de macroéconomie, venu en débattre le 21 novembre au Forum Eco de Libé. Le problème, c'est que «la France n'a pas su accompagner ce basculement dans la mobilité». Résultat : «elle est beaucoup plus subie que dans les autres pays». Si l'idée de changer régulièrement d'emploi est une perspective stimulante pour certains – généralement les plus jeunes et les plus diplômés – elle est au contraire «extrêmement anxiogène» pour la plupart des travailleurs. Pour Yann Algan, la clé réside dans la formation professionnelle. Mais celle-ci se résume, selon lui, à ces trois mots : «inégalité, inefficacité, opacité».
Martin Hirsch, ancien président de l'Agence du service civique, croit quant à lui que notre inadaptabilité à la mobilité est à chercher encore plus loin, dans le système éducatif français et notamment la façon dont est gérée l'orientation des élèves. «C'est délirant, c'est comme si chaque décision que les jeunes prennent allait les déterminer pour les quarante prochaines années. On réussit