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TRIBUNE

Contre le règne de l'immédiateté, retrouver le plaisir de la lenteur

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Pour l'anthropologue David Le Breton, le zapping permanent nuit au développement des individus. Il propose de se rapproprier la lenteur.
Un homme passe devant la Bank of England à Londres. (Photo Russell Boyce. Reuters)
publié le 7 avril 2014 à 10h18

> David Le Breton participera au Forum «Libé» de Rennes consacré à «2030», qui se déroulera les 11 et 12 avril prochains. Programme et réservations ici

Les chemins de sens qui menaient au-delà du présent immédiat sont aujourd’hui rompus, la transmission cède le pas à l’expérimentation du fait de la multitude des transformations qui affectent la trame sociale sous l’égide notamment des technologies. Ainsi, toute déduction du futur au regard du présent est rendue impossible. Nous sommes dans une société de l’éphémère, de l’instant, de la volatilité, une société liquide dit Baumann. Le zapping et le surfing deviennent des morales essentielles du rapport au monde, une manière de se jouer de la surface pour éviter de choisir et multiplier les expériences sans s’engager. Un individu contemporain qui ne se soutient que de lui-même est confronté en permanence à une multitude de décisions. Il est soumis à l’écrasement du temps sur l’immédiat puisque le monde n’est plus donné dans la durée.

La fragmentation de l’existence rend difficile l’établissement d’un sentiment d’identité solide et cohérent, susceptible de s’inscrire dans la durée ou de mobiliser les ressources pour rebondir d’une situation à une autre. L’individu doit être en mesure pour lui et les autres de produire la cohérence d’un récit sur soi. Il lui revient de suturer les éventuelles failles, d’opérer des jonctions sans toujours savoir d’où il