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TRIBUNE

Non, l'histoire ne se répète pas

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Pour l'historienne Hélène Miard-Delacroix, penser que l'histoire se répète est une manière de donner un sens au présent, de plus en plus difficile à analyser.
Les fils barbelés d'un camp de la Seconde Guerre mondiale en Pologne (Photo Valery Hache. AFP)
par Hélène Miard-Delacroix
publié le 8 avril 2014 à 12h13

> Hélène Miard-Delacroix participera au Forum «Libé» de Rennes consacré à «2030», qui se déroulera les 11 et 12 avril prochains. Programme et réservations ici

«

Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre

». La célèbre phrase prêtée à Churchill est, de Confucius à Aldous Huxley, l’une des innombrables mises en garde invitant à réapprendre sans cesse les leçons de l’histoire. C’est l’appel à la vigilance qui fait dire que l’histoire se répète. Ou alors le constat désabusé de spectateurs résignés, plus convaincus par Marx et sa formule grinçante : l’histoire se répète toujours deux fois, la première comme une tragédie, la seconde comme une farce.

Sommes-nous aujourd’hui particulièrement pessimistes à être autant convaincus de l’incapacité des hommes à tirer des enseignements du passé, à ne voir les actions humaines (surtout celles aux conséquences les plus dramatiques) comme un aveugle recommencement, un pathétique piétinement ? Il est vrai que beaucoup de schémas, de réflexes, de discours rappellent les années 1930, voire la première décennie du XXe siècle meurtrier, avant le déclenchement de la grande guerre civile européenne. A défaut de répétition à l’identique, on peut repérer des analogies, au moins dans les traits saillants.

Ainsi la montée des extrêmes avec la banalisation de discours de brutalité et d’exclusion, ainsi le discrédit des partis et de la classe politique qui pr