Titulaire du prix Goncourt en 1988, plume de François Mitterrand, Erik Orsenna est aussi membre de l'Académie française depuis 1998. Nous l'avons rencontré à l'occasion d'une conférence sur la langue française en 2030 lors du Forum Libération de Rennes.
Le langage SMS peut-il représenter une menace pour la langue française dans les années à venir ?
Non, parce qu’il y a toujours eu plusieurs langages, des abréviations, de l’argot, du verlan. Il faut en maîtriser plusieurs et pas un seul. Les SMS, même si c’est une écriture étrange, obligent à la lecture, à l’écriture.
Quel impact peuvent avoir, par exemple, les icônes de la téléréalité, qui ne s’illustrent pas toujours par leur maîtrise de la langue française ?
On s’est toujours identifiés à des héros différents, des sportifs, des guerriers, à toutes sortes de gens. Ce n’est pas en dénonçant des soi-disant «ennemis» que l’on réussit. Il faut mettre en place une politique consciente, par exemple via des quotas de chansons françaises. Avant, on écoutait de la bouillie pour chats en anglais, dont on ne comprenait même pas les paroles. Les quotas ont permis le renouveau de la chanson française avec des paroles que les Français comprennent.
Quels mots pourraient possiblement entrer dans le dictionnaire dans le futur ?
Je plaiderais pour que le mot «kiffer» y entre. Il n’y a pas d’équivalent dans la langue française, qui n’est pas figée pour jamais. C’est un mot très concret qui provient de la drogue, pour représenter une sorte d’addiction. Mais les mots entrent dans le dictionnaire de l’Académie à long terme, et pas seulement après une ou deux années d’existence.
Que pensez-vous de la récente étude de la banque Natixis, qui assure que le français sera la langue la plus parlée dans le monde en 2050 ?
C’est illusoire. On parle l’anglais aux Etats-Unis, mais ça sera l’espagnol en 2050. En termes de puissa