La quête d'immortalité a toujours fasciné l'humanité. Clonage, nanotechnologies, corps bioniques… La science étudie actuellement de multiples pistes pour y parvenir. Venus en débattre au Forum Libération de Rennes, nous avons confronté les points de vue de deux personnalités très différentes. D'un côté, Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo. De l'autre, Jean-Michel Truong, scientifique spécialisé dans l'intelligence artificielle, philosophe et écrivain de science-fiction.
Aimeriez-vous, à titre personnel, devenir immortel ?
Jean-Michel Truong : Cela ne m'intéresse pas du tout. Tout d'abord pour une raison intellectuelle : je crois fermement au darwinisme, c'est-à-dire au fait que la mort est nécessaire à l'évolution. Puis pour une raison personnelle, je pense que mille ans, c'est très long et je n'aurais certainement pas la patience d'attendre jusque-là. Mon «tedium vitae» (envie de vivre) s'estompera bien avant.
Pierre d'Ornellas : Pour une raison de croyance, je ne souhaite pas être immortel, car je suis éternel. Pour moi, tout être humain participe de l'œuvre de dieu et celle-ci est intemporelle.
L’immortalité serait-elle une chance pour l’humanité ou sa malédiction ?
J-M. T. : Je pense qu'elle serait une malédiction pour n'importe quelle espèce. Car pour moi, le darwinisme doit s'opérer. L'histoire de la nature est celle de l'élimination des plus faibles par les plus aptes. Si cette sélection ne s'opère pas, on sera dans une société figée : l