Ce 25 août, Mara Goyet a fait son premier rêve de rentrée scolaire. Une «catastrophe». Sa classe partait en vrille. «C’est tard, remarque-t-elle. D’habitude, ce cauchemar surgit dès le début du mois d’août.» La rubrique sur les faits divers, qu’elle tient tout l’été sur France Culture à 7 h 55, la préserve encore de ce qu’elle n’appelle pas l’angoisse de la rentrée. «Je n’ai pas pris de vacances ! Ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai horreur des plages. Désormais, je ferai ça chaque année : travailler l’été.» Elle sort de son sac des fiches constituées quand elle avait 8 ans. Ses plus terribles faits divers, numérotés, classés, et titrés. En premier, il y a le Japonais cannibale de 1980. En quatrième, l’écriture enfantine note «1940, 1945, le génocide». «Ça m’a fait un choc. Qu’est-ce que je dirais aux élèves s’ils casaient la Shoah dans la rubrique chiens écrasés ?» Elle y répond : «Eh bien, j’essaierai de comprendre d’où ça vient. Enfant, mon goût pour les faits divers était ma manière de contenir l’horreur de l’extermination.»
Mara est le prénom de son arrière-grand-tante, assassinée en Ukraine par les nazis. «Et dans Goyet, il y a goy. Je ne sais jamais de quel côté je balance, plutôt catho ou plutôt juive. J'entends mon nom comme un court-circuit.» De là, lui vient peut-être son dégoût des appartenances, et son impossibilité à se situer. «Je n'aurais aucune confiance dans les clubs qui m'accepteraient comme