C’est une parenthèse pour se rencontrer. Le lieu a des airs de guinguette, intime, niché dans un écrin de verdure au bord de l’Ill, à la croisée des quartiers populaires et des autres, plus chics. A l’époque, les Mulhousiens venaient piquer une tête ici, à deux pas du centre-ville. Aujourd’hui, de grandes jardinières accueillent des potagers collectifs où chacun peut se servir.
Autour de l'ancienne maison du maître-nageur en partie taguée, les troncs d'arbre sont bariolés, habillés au crochet. Samedi après-midi, les tricoteuses sont à l'œuvre, en terrasse. C'est le «café crochet» organisé par le collectif de citoyens Vita'rue. En bout de table, les trois copines Micheline, Gisèle et Brigitte s'appliquent sur leur ouvrage. «Mais l'activité n'est qu'un prétexte pour tisser des liens», glisse Amy. La jeune Anglaise a atterri seule à Mulhouse quatre ans auparavant et a été immédiatement séduite par le concept Vita'rue. Elle a commencé par donner des cours d'anglais, proposer des ateliers cuisine, jardiner. Depuis un an, elle renoue avec le crochet. «Ici, chacun peut avoir une place, quand il veut, comme il veut. Puis, on peut lancer des idées. Ailleurs, l'échange commercial prime, tout est ordonné, programmé, il n'y a plus de surprise… Quand on se dégage des questions d'argent, de profit, de salaire, on parle de choses plus intéressantes qui permettent de créer une société meilleure».
Cette construction d’une «
société meilleure
» est par